Bois de Sommauthe – Oches – Mont Damion / 6° DIC

Les 14 et 15 mai, la 6° Division d’Infanterie Coloniale (6° DIC) est appelée à venir former un front entre Meuse et Aire. (Ce n’est pas la situation du Mont Damion et des Bois de Sommauthe).

La 6° DIC est composée de 3 régiments d’infanterie :
– 5° Régiment d’Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais (RICMS)
– 6° Régiment d’Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais
– 43° Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC)
et de deux régiments d’artillerie :
– 23° Régiment d’Artillerie Colonial (RAC) avec des canons de 75
– 223° Régiment d’Infanterie Colonial avec des canons de 105

Elle est stationnée en Lorraine, entre Verdun et Bar le Duc, et revient du front de Sarre avec du matériel en mauvais état. Les Africains sont arrivés en avril venant de Rivesaltes. L’équipement est incomplet et l’entraînement insuffisant (champs de tir éloignés).
Prévenus le 14 au soir du départ en camions, les hommes attendent jusqu’au 15 matin. Le voyage est assez long car plusieurs véhicules, sans carte, s’égarent et font des détours. Ils arrivent en soirée dans le secteur Le Morthomme-Thénorgues. Les fantassins doivent gagner à pied Oches ou Sommauthe (près de 20 km) sous la surveillance du mouchard et les interventions des Stuka. Un camion brûle à Authe ; des chevaux sont tués, des hommes blessés. Des servants de DCA du 6° RICMS parviennent à abattre ou à endommager plusieurs avions. Ils arrivent le 16 mai dans le secteur Oches-La Berlière-Sommauthe, en pleine attaque ennemie engagée par les chars de la 10° PanzerDivision et le régiment d’élite Grossdeutschland (IRGD). C’est donc sous les bombardements de l’artillerie, les interventions des Stuka, les échos des combats de chars à Stonne qu’il faut prendre position et relever la 2° Division Légère de Cavalerie.
Le 5° RICMS est affecté au Mont Damion où il relève aussi le 67° RI (3° DIM) et gagne le Bois de Franclieu.
Le 6° RICMS doit occuper le secteur boisé à l’Est du Bois de Franclieu en ayant le 43° RIC à sa droite, vers Beaumont.

17-19 MAI : CUISANT ECHEC DE L’ATTAQUE ALLEMANDE


L’infanterie ennemie qui arrive va connaître son baptême du feu. On lui dit que le secteur est mollement défendu et que la progression sera facile. Mais tout va se dérouler en forêt, immense et dense, ce qu’ils n’ont jamais expérimenté.

A L’OUEST

Le 5° RICMS arrive enfin le 16 mai dans le secteur La Berlière-Mont Damion sous la mitraille des Stuka. En pleine attaque allemande, la relève de la 2° DLC est très difficile, voire impossible. Partant de Oches vers 19h, ils gagnent le Mont Damion (relève d’un bataillon du 67° RI de la 3° DIM). Le PC s’installe entre Oches et le Mont du Cygne.

17 mai
Côté allemand, c’est la relève générale : la X° PanzerDivision est rappelée par Guderian à Montcornet. Le Grossdeutschland, épuisé, est relevé par la 24° InfanterieDivision (ID) devant le Mont Dieu et la 16° ID, secteur Stonne-La Besace. Les troupes arrivent d’Allemagne, par Raucourt, à pied, épuisées.
Parmi elles, le 79° InfanterieRegiment (IR), venant du secteur de Flaba, reçoit la mission d’attaquer l’angle ouest La Besace-Mont Damion dès l’après midi. Les Stuka soutiendront cette attaque qui sera précédée d’un tir d’artillerie. Les II° et III° Bataillons se dirigent vers le Bois de Franclieu pour s’emparer du Mont Damion. Le I° Bataillon les suit en couverture. Il lui faut conquérir La Besace âprement défendu avec l’appui de l’artillerie et des Stuka. Le village doit être conquis maison par maison sous les tirs de l’artillerie française. Le bataillon avance ensuite vers la route et le Damion. Il est déjà tard. Ils découvrent le massif dont l’immensité de la partie boisée les impressionne. Soudain, ils voient sortir du lointain brumeux et fumeux des formes bizarres qui courent, tombent, se relèvent comme épuisées. Il s’agit en fait des quelques rescapés de II° et III° Bataillons, paniqués, horrifiés. Contenus avec peine, rassemblés en bordure de La Besace, ils s’expriment difficilement : presque tous les officiers tués ! Cloués au sol humide et herbeux par des tirs de mitrailleuses, de grenades, de tireurs embusqués dans les arbres, ils ont été encerclés et fauchés sans pouvoir reculer. Leurs camarades du I° bataillon les accueillent, les rassurent en lisière de La Besace. Des tirs de leur artillerie, trop courts, les obligent à se replier pour être aussitôt pris pour cible par l’artillerie française. C’est un baptême du feu terrifiant! un échec cuisant : les pertes sont énormes : 250 morts et 750 blessés (témoignage d’un vétéran) pour le seul 79° IR.

Côté français, les Stuka bombardent Oches.
Vu la situation, les éléments de la 2° DLC sont restés en place.
Carte6DIC1720mai

Le I° Bataillon du 5° RICMS a pris position en lisière du Bois du Franclieu, face à la route de Beaumont ; il arrive sous les tirs de l’artillerie ennemie et la mitraille des Stuka, ce qui complique la mise en place et l’approvisionnement en munitions. La fusillade est permanente, parfois plus dense, ce qui entraîne par endroits repli, fuite et désordre, surtout en terrain encore inconnu. S’y ajoutent la fatigue, la faim, le manque de protection directe. L’encadrement réagit : les fuyards sont attendus et regroupés à la sortie de la forêt puis conduits à La Berlière. La densité de l’attaque redouble vers 16 h, avec appui d’artillerie, entraînant un reflux partiel d’éléments du I° Bataillon. Un groupe renforcé du II° Bataillon est envoyé en reconnaissance sur le Mont Damion. Il y surprend des patrouilles ennemies d’où un vif accrochage et finalement un repli de part et d’autre.
De son PC, le colonel juge la situation sérieuse et obtient l’intervention d’une section de chars H 39 qui effraie et repousse les groupes ennemis avancés. Le soir tombant, des centres de résistance sont organisés à La Berlière, au Mont Damion et au Mont du Cygne. Les nombreux blessés sont évacués sur le poste de secours de Oches. La dureté de cette première journée est difficile à supporter !

18 mai
Le II° Bataillon relève le I° sous la protection des chars. Le matériel abandonné la veille est récupéré : armes, munitions, cuisine, chevaux. Les derniers groupes de fuyards sont repris en main (certains étaient déjà parvenus au-delà de St Pierremont !) et ramenés à Oches. Une contre-attaque appuyée par des chars est organisée sur le Mont du Cygne où elle ne rencontre aucun ennemi. Les positions sont améliorées, les blessés évacués, les morts ensevelis. Ravitaillement et munitions arrivent dans la nuit : le moral remonte !

19 mai
Le calme étant revenu, les protections sont réorganisées, améliorées, les liaisons latérales confortées. Les deux artilleries maintiennent la pression par des tirs sporadiques, tantôt isolés, tantôt en ratissage.
La 3° Cie s’installe au Mont du Cygne, la 5° revient au Mont Damion et inspecte les pentes Ouest donnant sur la route des Cendrières. Ils découvrent des corps ennemis (38) gisant près d’un ponceau et prennent contact avec la 7° Cie du 67° RI aux Cendrières. Les positions sont réoccupées et confortées au Bois de Franclieu.
A 13 h, les Stuka prennent Oches pour cible. Vers 20 h, le Mont Damion et le Mont du Cygne subissent des tirs d’artillerie. Au cours de la nuit, la route de La Berlière est la cible de violents tirs de mortier.

A l’EST :

Le 17 mai, le 6° RICMS s’installe en-dessous de la route de Stenay, à cheval sur la route de Sommauthe. A 15h, le 1° Bataillon est assailli par de violents tirs d’artillerie et par les Stuka, informés par le mouchard. A 15h 30 débouche un flot d’assaillants, 5 ou 6 compagnies venant du vallon et des bois d’Yoncq et se dirigeant vers le Bois de Franclieu. Les défenseurs sont vite débordés ; ils demandent l’appui de l’artillerie qui tire à vue ; mais comme les munitions se font rares, les tirs sont de plus en plus espacés. La section de mitrailleuses du sous-lieutenant Deschênes, vient en appui de la 2° Cie. Elle fait feu de toutes ses armes qui fauchent des rangs entiers d’assaillants : 80 000 cartouches sont consommées ! Une Compagnie du 5° RICMS vient en renfort. La déferlante ennemie se dirige vers le Bois de La Berlière et aborde le Bois de Franclieu. A 18h15, une compagnie du 43° RIC voisin permet de lancer une contre-attaque et de regagner du terrain. Deux automitrailleuses du groupe de cavalerie relancent une nouvelle action et obligent l’ennemi à reculer. Une chenillette apporte ravitaillement et munitions. La situation est rétablie à 20 H 30 ; quelques tentatives de l’ennemi vers 21 h sont partout repoussées : l’ennemi est tenu en échec et a subi d’énormes pertes ! mais le 6° RICMS et le 43° RIC l’ont payé cher !
Les Chasseurs à Cheval de la 2° DLC se replient. Une ligne de résistance renforcée est établie face au chemin de Yoncq.

Le 18, à 11 h 30, une section de chars du 3° BCC dégage la route Sommauthe-La Bagnole et libère des groupes encerclés. L’ennemi réplique par un pilonnage d’artillerie qui oblige nos troupes à revenir au niveau du Bois de La Berlière. Les tirs se poursuivent la nuit.

Le 19, l’artillerie lourde arrive enfin et s’installe, un groupe près de Sommauthe, un autre, près de St Pierremont. Ils sont accueillis par des tirs d’artillerie réglés par l’éternel mouchard.

Contrairement aux attentes des relèves allemandes, leurs diverses attaques ont échoué et coûté très cher en tués, blessés et disparus. Leur armée décide donc de réviser sa stratégie. Elle renforce considérablement l’artillerie en place, accumule des munitions, renforce les effectifs et prévoit une grande manœuvre d’encerclement de cette zone boisée qui l’arrête. Cela prend du temps ; des patrouilles et des tentatives d’infiltration maintiennent la tension.

21-24 MAI : TENTATIVE D’ENCERCLEMENT

A L’EST

21 mai
6DICtracteur
A l’aube, les positions du 6° RICMS sont l’objet de violents tirs d’artillerie ennemie, suivis par une attaque massive. Nos troupes, alertées, résistent. L’artillerie française exécute des tirs de barrage bien ciblés mais ne peut enrayer l’avance du 118° IR (36° ID) fortement équipé de mortiers et de mitrailleuses. Le III° Bataillon subit de lourdes pertes. Le groupe Ghesquière encerclé se dégage à l’arme blanche (coupe-coupe) ; d’autres contre-attaquent : l’ennemi recule en abandonnant son matériel vite récupéré : 22 mitrailleuses ! Les prisonniers ramenés à l’arrière appartiennent à trois bataillons de trois régiments : 118°, 80° et 67° IR. Un calme relatif revient vers 13h. Des automitrailleuses du 2° RAM (2° DLC) interviennent pour nettoyer les intervalles entre les postes. Deux sont atteintes par des antichars ; l’ensemble se replie vers 19 h après avoir dégagé le secteur.

22 mai
Jour de relève pour les bataillons en ligne. Deux automitrailleuses reviennent pour aider à relever les morts de la veille. Une est détruite par un antichar, l’autre permet d’achever la mission.
Le mouchard surveille constamment les positions des batteries du 23° RAC, les transmet par radio, ce qui déclenche des tirs de l’artillerie ennemie. Il faut alors changer de position. On sent qu’une attaque d’envergure se prépare.

23 mai
Carte6DIC2325mai
Face à Stonne et au Mont Damion, l’état-major allemand a réuni une concentration d’artillerie unique dans la campagne de France sur un espace aussi réduit : 5 à 600 canons et mortiers (gros calibre : 105 et 210). Dans la nuit, l’enfer se déchaîne : les deux artilleries déclenchent des tirs de barrage, préventifs côté français,
destructeurs côté allemand.6DICgrenadesmanche A 4h30 le 118° IR débouche de la vallée de Yoncq avec force mitrailleuses et mortiers, deux lance-flammes en appui. Ils se dirigent vers le Mont du Cygne et Oches mais se heurtent à des adversaires redoutables : une forêt très dense, quasi impénétrable, et des nids de résistance efficaces car les Africains sont à l’aise dans cette forêt, savent s’y fondre et choisir leurs cibles. Malgré l’intervention de Stuka et de l’artillerie, guidés par des observateurs mêlés à la troupe, ils peinent à avancer et voient leurs rangs s’éclaircir. Le bataillon qui suit le chemin de Yoncq peut acheminer des armes lourdes et progresser plus facilement. Les positions du 6° RICMS habilement disséminées leur causent des pertes importantes. Dans les fourrés et les branchages, les grenades à manche allemandes s’avèrent de dangereux boomerangs mais l’artillerie, sollicitée et guidée avec précision, cause des pertes importantes dans les rangs français. Un bataillon allemand est momentanément encerclé. Les deux lance-flammes sont fauchés par les mitrailleuses. Les blessés sont nombreux de chaque côté et leur évacuation impossible. Les Français doivent gagner à pied le poste de Secours de Sommauthe (4 ou 5 km de marche!). Vers 21 h les chars du 10° BCC interviennent : la 1° Compagnie suit la route et dégage des groupes encerclés ; la 3° Cie est envoyée à la ferme d’Isly sans rencontrer d’ennemi ; la 2° Cie chargée de dégager Oches, n’y rencontre personne et poursuit dans les layons Est du Mont du Cygne, obligeant des avant-gardes ennemies à se replier. Quand la nuit tombe, l’ennemi est bloqué dans le Bois de La Berlière.

24 mai
Une contre-attaque démarre à 4h50 avec des chars et des éléments du Groupe de Reconnaissance pour dégager des groupes encerclés en forêt de Belval. Une compagnie du 5° RICMS vient en renfort à midi. Vers 15 h la 1° Cie de chars du 10° BCC intervient pour dégager des groupes au Bois de Sommauthe et faciliter des regroupements dans des centres de résistance disposés en fer à cheval. Grâce au dévouement des tirailleurs, l’approvisionnement en munitions est assuré. Les assauts répétés de l’ennemi sont repoussés à la grenade et plus d’une fois à la baïonnette. En fin de journée certains groupes se replient en silence, laissant l’assaut allemand tomber dans le vide, ce qui l’inquiète, craignant une ruse.6DICallemands
Toute la journée, l’artillerie allemande pilonne les positions du 6° RICMS et celles de l’artillerie, derrière Sommauthe. Des renforts arrivent côté allemand : le I/196° IR, chargé de nettoyer le Bois de La Berlière et de poursuivre jusqu’au Mont du Cygne. Après un assez long parcours en forêt sans embûche, les Schützen parviennent à une grande clairière en bordure de laquelle les Français ont établi des mitrailleuses disséminées dans les arbres déchiquetés. L’accueil est inattendu et meurtrier. Après trois heures de combat, les positions françaises les plus avancées sont encerclées et réduites. Mais l’assaillant ne peut pénétrer dans la forêt dense où les défenseurs sont invisibles mais efficaces. Comme l’obscurité tombe, chacun effectue un repli stratégique pour sécuriser les hommes et éviter toute surprise. Un calme relatif s’établit.

25 mai
Les chars du 10° BCC (1° Cie) poursuivent leur mission de dégagement des postes encerclés et récupèrent un canon de 47 avec ses munitions.
La relève par la 6° Division d’Infanterie (qui sort de l’enfer d’Inor!) est annoncée. Le 74° Régiment d’Infanterie (RI) relève le 6° RICMS. La mise en place et la passation des consignes se terminent le 26 mai à 2H du matin. La nuit, les différents éléments du 6° RICMS se rassemblent dans le Bois de Fontenois. Le 27 mai le régiment est regroupé de nuit à Rémonville-Bantheville et mis au repos.

A L’OUEST

20-21-22 mai
Un calme relatif règne dans le secteur. Mais le mouchard surveille tout et déclenche des tirs d’artillerie dès qu’une cible se manifeste, ce qui arrive le 21 où tout un groupe de la 3° section est anéanti. Chacun envoie des patrouilles pour assurer sa protection, ramasser des morts ou du matériel abandonné. Le 22, le I° Bataillon relève le II° sans incident au Bois du Franclieu. Le calme qui règne laisse présager qu’une grande attaque se prépare.

Le 23 mai, l’enfer se déchaîne.
Dès le milieu de la nuit, l’artillerie allemande écrase les premières lignes françaises. L’artillerie française riposte aussitôt. Cela dure jusqu’à l’aube. Vers 6 h, le rythme ralentit : une fumée épaisse a envahi le secteur (fumigènes) : on ne distingue rien à plus de dix mètres ! Les arbres sont déchiquetés, les troncs lacérés, le sol labouré…des corps de tirailleurs gisent un peu partout. D’autres affolés, errent à la recherche d’un abri. Beaucoup de positions ont disparu, anéanties par des obus.
Vers 7 h, c’est l’attaque : « des sifflements, des souffles, un déchaînement de bruits variés, un mur de flammes des explosions, précèdent l’avance de l’infanterie. » Des éléments progressent sur la route des Cendrières en lançant des grenades sur les talus et les fourrés. Des groupes se rendent avant d’être broyés, d’autres disparaissent dans les broussailles. Les premières lignes dans le Bois de Franclieu subissent des pertes considérables. La 2° Cie est pratiquement anéantie. La 1° Cie a disparu. Le PC du I° Bataillon (Commandant Siméoni) est bombardé. Il n’y a plus aucune liaison entre I°, le II° Bataillons et le colonel.
A 8 h, les 5° et 6° Cies contre-attaquent, entraînant de fortes pertes chez l’ennemi, surpris. Des groupes ennemis débouchent de chemins forestiers à l’Est du Mont Damion et dévalent vers le Mont du Cygne et le PC du régiment. Mais la résistance s’organise ; la 7° Cie arrive en renfort et permet de repousser l’ennemi qui reprend ses assauts, mais se heurte à des positions bien organisées : nombre d’assaillants sont capturés. Vers 16 h deux compagnies encerclées au Mont du Cygne se dégagent au coupe-coupe ou à la baïonnette et se dirigent à travers bois, une partie vers La Polka, une partie vers le PC. Les Stuka vrombissent en permanence au-dessus de la forêt, bombardant un carrefour par ci, mitraillant un groupe par là, visant les observatoires d’artillerie. Les deux artilleries s’activent en permanence, répondant à la demande de leur troupe. Vers 17 h, devant la résistance qui lui est opposée et les pertes qu’il enregistre (33 morts, 99 blessés, 6 disparus au I/79° IR!) l’ennemi décide de se replier sur les pentes sud du Mont Damion. Un calme relatif s’installe alors.
En fin de journée, par mesure de sécurité, une section de chars du 10° BCC (R 35) se rend dans les layons est du Mont du Cygne. L’ennemi, isolé (I/79° IR) se replie à la tombée de la nuit à la pointe Nord du Mont du Cygne. Il entend venir les chars, mais démuni d’antichars et à court de munitions, il ne se manifeste pas.

24-25 mai
Vu la situation, le II° bataillon du 5° RICMS se replie à la Polka, ainsi que le PC.
Vers 16h, l’artillerie ennemie se déchaîne à nouveau sur la 3° Cie qui résiste et repousse une attaque d’infanterie, suivie d’une seconde vague également contenue. Mais la Cie finit par être encerclée : elle compte pas mal de tués, de blessés et détient un certain nombre de prisonniers qui alertent leurs camarades de leur présence. Vu la situation, le commandant Siméoni décide de cesser le combat. Les survivants sont faits prisonniers et emmenés à Yoncq. Un certain calme s’installe ensuite.

Le 25 mai, côté français, on renforce les positions devant la ferme d’Isly, point dominant. Vers midi, une patrouille ennemie est anéantie. Bloqués dans leur avance, les Schützen demandent et dirigent des tirs d’artillerie ciblés sur la forêt de Sommauthe ce qui oblige les armes lourdes françaises à reculer.
A 16 h, c’est le secteur Isly-La Polka qui est visé. Au nord du Mont du Cygne, les Allemands ont rassemblés les blessés de la veille et ceux du jour « dans un espace de la grande clairière entouré de fourrés, en arrière de nos positions…un spectacle effroyable ! leurs gémissements et leurs plaintes sont horribles. Ils ne peuvent pas encore être évacués : on ne peut passer nulle part. …Un peu plus loin gisent 70 officiers, sous-officiers et hommes de troupe des I et III° bataillons (du 79° IR). Ils sont inhumés au cours de la journée. La mort a fait ici une effroyable moisson ». Mais le communiqué officiel ne parle que de « combats difficiles ». (Témoignage d’un survivant) A noter qu’ils avaient capturé quelques centaines de combattants français et récupéré nombre de mitrailleuses, d’antichars et d’armes diverses !
Après ces deux jours épuisants, personne n’a envie d’attaquer. La ligne de front court du Mont du Cygne au sud de la grande clairière et au carrefour du Fau.
Côté français, on renforce le secteur nord d’Isly, point névralgique.
Guidés par la vue des fermes de la Polka et d’Isly, les éléments dispersés sortent de la forêt, sont regroupés et dirigés vers Fontenois. Les chars du 10° BCC sont rassemblés à 3 h du matin à Bar les Buzancy. L’avant-garde de la relève arrive (6° DI). Le 74° RI reconnaît les positions près d’Isly et se met en place. L’artillerie de la 6° DIC demeure en appui de la 6° DI.
Côté allemand, c’est aussi la relève pour le I/196° IR à qui sont attribuées 21 Croix de Fer pour son action efficace. Le 79° IR sera relevé les 29 et 30 mai par le 530° IR (299° ID).
De chaque côté, les troupes sont épuisées. Côté français, il est évident que tout espoir de couper le flux allemand est évanoui.
Côté allemand, l’encerclement des armées françaises et anglaises laisse augurer une victoire prochaine.

26 mai
Relevé par le 36° RI, le 5° RICMS est regroupé dans les bois à l’Est et au Sud-Est de Fontenois. On se repose et on se restaure. A 22h, le PC s’installe à Verpel et le 27 mai, gagne Champigneulles.
Le régiment est complété fin mai ainsi que l’encadrement.

La division a rempli sa mission : l’ennemi, plus nombreux et mieux équipé (radio-aviation), n’a ni percé nos lignes, ni atteint Oches, ni réussi sa manœuvre d’encerclement. Cet assaut manqué lui coûte un nombre important de tués, de blessés et de prisonniers.
Mais l’opiniâtreté de la résistance opposée par la 6° DIC a été chèrement payée : le 6° RICMS a perdu 48% de ses effectifs : 121 tués dont 26 officiers – 383 blessés – 14 évacués – 200 disparus, au total 718.
Le 5° RICMS a perdu la valeur d’un bataillon, l’autre est très éprouvé et le 3° est en réserve de division.

SOURCES :
Correspondance de guerre Sgt-Ch René DUSSAU (6° RICMS)
Carnet de route du Capitaine Roger MARTIN ( 5° RICMS)
Historique du 5° RICMS
Tapuscrit Versöhnung über Gräbern Hans-Werner HOFFMANN Sous-lieutenant au 79° IR (16° ID)
Combats en forêt du 118° IR (36° ID)
Intervention du I/196° IR dans le Bois de La Berlière (D)
JMO du 6° RICMS
Rapport général établi par le colonel LELONG cdt le 6° RICMS
Journal de marche du 223° RAC
Journal de marche du 10° Bataillon de Chars de Combat
Documents SHA concernant le 23° RAC
Livre La 15° Batterie
Tapuscrit de Jean BALLERET agent de liaison du Cne cdt la 19° Cie du 6° RICMS
Tapuscrit André TESSEIRE 2° Cie du 6° RICMS Compagnon de la Libération
Une Compagnie d’infanterie à l’ouest : 5° Cie du 79 ° IR Freimüller – traduction M Baudier
Traduction du journal de la 2° Cie du 79° IR par D Huart

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