Bois de Sommauthe – Oches – Mont Damion

…de la route de La Berlière à Beaumont

Le récit concernant le secteur du Bois de Sommauthe – Mont Damion se présente en quatre parties :

2° Division Légère de Cavalerie
6° Division d’Infanterie Coloniale
Renfort et relève : les Spahis
6° Division d’Infanterie

Il est aussi utile de rappeler l’environnement dans lequel ont vécu les militaires et les civils au cours de ces quelques jours de mai, du 10 au 15 :

Sur le terrain

Le 10, l’aviation ennemie est omniprésente, bombarde et mitraille les carrefours, les voies de communication, les gares, les terrains d’aviation, les rassemblements civils ou militaires, sème partout la panique vu sa brutalité. Elle est chargée de semer la terreur et s’en acquitte fort bien…
Nos troupes entrées en Belgique à l’appel du roi se heurtent très vite aux blindés et aux troupes ennemies. Elles doivent se replier après avoir subi de durs combats.

Le 12, les premiers blindés ennemis sont au-dessus de Sedan.

Le 13, à Sedan, c’est l’enfer mené par la Luftwaffe, Stuka et bombardiers, puis l’attaque à 15 h et le franchissement de la Meuse. Nos soldats des 55° et 71° Divisions d’Infanterie sont assommés, surpris, submergés et se replient comme ils peuvent vers Le Chesne, Raucourt.

Le 14, l’aviation française et anglaise intervient mais subit de sérieuses pertes.

Le bruit de la bataille, la menace permanente des avions ennemis, la vue des tués et des blessés, la fuite des populations et des soldats créent une atmosphère d’incompréhension et de panique.

Dans les états-majors (II° Armée- Huntziger et 3° DIM – Bertin Boussu)

le 10 mai , toutes les unités sont mises en alerte.

Le 11 mai, Huntziger déclare à Bertin Boussu : « situation pas inquiétante … rien à signaler ». Des avions d’observation français repèrent et photographient les colonnes ennemies traversant la Belgique vers Sedan. Mais ce n’est pas pris au sérieux.

Le 12 mai, le général Roton (groupe d’armée du Nord du Gal Georges) demande à la 3° DIM de se préparer à gagner le secteur de Stonne-Sommauthe, au cours des deux nuits suivantes. Huntziger appelle le 6° GRDI pour protéger son PC de Senuc des parachutistes (?). Ce qui est fait. Bertin Boussu prépare les itinéraires avec le groupe de transport car bien que « motorisée » elle ne dispose pas de moyens de transport propres. Une partie de la division arrivera le 13 matin, l’autre le 14 en matinée.

Le 13 mai, Bertin Boussu rencontre Huntziger, calme et confiant qui déclare ne pas avoir de mission à confier à la 3° DIM. Mais à 18 h Bertin Boussu reçoit l’ordre n° 50 le chargeant de prendre position sur la ligne canal, Mont Dieu, Mont Damion et Mont du Cygne. La 3° DIM s’appuiera sur la 5° DLC à l’ouest et sur la 2° DLC à l’est. Bertin Boussu se rend au PC du X° corps d’Armée (La Berlière) où le général Grandsard boucle ses malles, effondré : « faites ce que vous voudrez ! » De retour à son PC de Buzancy, il trouve Huntziger effondré qui lui déclare : « Arrêtez l’ennemi, sinon, demain c’est l’invasion ! »

Dans la nuit du 13 au 14, Huntziger abandonne Senuc et installe son PC au fort de Landrecourt, au sud de Verdun (à 80 km au lieu de 30), officiellement pour améliorer les communications téléphoniques.

Ce rapide effondrement du haut commandement manifeste son incapacité à assumer ses responsabilités. Ce n’est pas rassurant pour les chefs des unités chargées d’arrêter l’ennemi !

Au plan tactique

Les décisions prises dans la nuit du 14 au 15 sont souvent incompréhensibles pour nos combattants (ordres /contre-ordres) et compromettent en plusieurs lieux leur capacité de résistance :

  • 1- Décision d’abandon de la ligne de résistance bien organisée sur la rive gauche de la Chiers (entre Carignan et Mouzon) pour s’installer dans les Bois d’Inor, non aménagés entraînant l’obligation d’abandon de certaines armes lourdes intégrées dans les positions fortifiées.
  • 2- Organisation le 15 mai d’une contre-offensive par le groupe Roucaud, de Beaumont à Mouzon, permettant d’atteindre la Meuse et de menacer la route Sedan-Stenay que la décision précédente a dégagée à l’ennemi. La contre-attaque réussit mais c’est un ordre de repli qui fait suite !
  • 3- Préparatifs d’une contre-attaque partant de la Forêt du Mont Dieu vers Chémery sans informer les participants de la présence d’un fossé antichar imposant (10m de large 2m de profondeur) qui finit d’être creusé, 200 m en avant des lisières de la forêt.

C’est dans ce contexte que la 3° DIM et la 3° DCR reçoivent pour mission de bloquer la progression ennemie sur la ligne Forêt du Mont Dieu-Stonne. La défense de l’espace Stonne-Beaumont est dévolue à la 2° DLC qui revient juste de Belgique et à la 1° DIC qui monte en ligne.

Ce comportement des hauts responsables militaires n’est pas fait pour créer une atmosphère de sérénité et de confiance auprès des troupes qui vont devoir faire face !! Et pourtant, elles ont fait face, elles ont tenu, elles ont résisté jusqu’au 11 juin !!

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