15 mai 2016 – STONNE : Journée de Mémoire

Matinée bien fraîche (il avait gelé à Stonne) mais bonne participation :
– un groupe du CENTIAL-51° RI de Mourmelon – photo 1
– de nombreuses personnalités dont Mme la Sous-Préfète de Sedan (photo 2)
– de nombreux porte-drapeaux (dont beaucoup de Saint Quentin) (photo 3)
– deux vétérans : un allemand (avec le béret), un français (photo 4)
– une forte participation de jeunes (photo 5)
des élus, la population locale, des familles venues de partout,
un moment intense de recueillement et d’hommage à ces hommes morts au combat, un appel à la solidarité et à la paix

Ci-dessous, retrouvez l’allocution du Président et de Madame la Sous-Préfète de Sedan.

Allocution du Président

Madame la Sous-Préfète,

Mon Colonel,

Mesdames et Messieurs les élus, Responsables civils et militaires, Enseignants, Présidents d’associations, et vous les Jeunes, la France de demain,

Un grand merci d’avoir répondu à notre invitation pour honorer la mémoire de ceux qui ont combattu, ici, à STONNE et dans les environs, du 14 mai au 11 juin 1940, qui ont résisté, qui ont tenu pendant un mois face aux forces des dictatures voulant asservir l’Europe. Il faut le dire bien haut et bien fort car nous sommes bien seuls à le faire. Ce sont pourtant des combattants de Stonne qui, avec d’autres, ont délivré Strasbourg, le 23 novembre 1944, dans la 2° DB du général Leclerc ! Oui, ceux que l’on oublie quand ils portent l’écusson de la 3° DCR sont adulés quand ils portent l’écusson de la        2° DB : c’était pourtant les mêmes… Le jugement du général Leclerc balaie pour moi tous les autres, car il sait de quoi il parle. Voici ce qu’il déclarait le 4 octobre 1947 : « La 2° Division Blindée que j’ai eu le grand honneur de commander a été la fille de la 3° Division Cuirassée tant par le nombre des anciens qui sont venus s’y joindre à moi que par ses qualités de courage et d’audace sur le champ de bataille. » Cette 2° DB libérant Strasbourg, capitale de l’Alsace annexée par l’empire nazi : quel merveilleux symbole ! Les rescapés de Stonne vengeaient ainsi leurs camarades restés ici, sur le terrain, abandonnés des mois durant dans cette zone interdite qui nous coupa de la France.

Militaires de Mourmelon porteurs des traditions du 51° RI et par-delà, de la 3° DIM, de la 3° DCR et des combattants de 40, soyez fiers d’être les héritiers de combattants valeureux dont le comportement a plus d’une fois été comparé à celui des poilus de 1914/18 tant par leurs chefs que par leurs adversaires.

C’est notre honneur de faire en sorte que les 4 500 Morts pour la France qui sont tombés des Bois de Sommauthe au Mont Dieu et au Chesne, soient régulièrement honorés. Pensons que derrière chacun d’eux il y avait des parents, une épouse, des enfants, des amis, des milliers de personnes marquées à jamais par un injuste destin, et de plus abandonnées par une France déchirée.

Tant de souffrances méritent notre attention, notre respect et notre reconnaissance. D’autant plus que la Mémoire doit être porteuse d’enseignement pour guider nos choix présents et futurs. Merci à vous, les Jeunes de nous accompagner dans notre démarche ; Apprenez à ouvrir les yeux pour constater que la guerre n’est pas seulement sujet de films ou de romans : elle se déroule sous nos yeux avec une férocité effroyable. La Paix n’est pas un don du ciel ou d’ailleurs : elle se prépare, elle se cultive, elle appartient à la famille de la Fraternité, de la Solidarité, de la Laïcité qui ne sont rien sans la Liberté et l’Egalité. Les adversaires de mai-juin 40 survivants ont montré ici, à Stonne, en 1962, que la réconciliation était possible et qu’on pouvait s’engager ensemble sur le chemin de la Paix dans l’Amitié.

Forts de ces exemples et de ces engagements, efforçons nous d’appliquer notre devise  républicaine : Liberté Egalité Fraternité, pour construire ensemble une société guidée par le bonheur des peuples dans leur diversité !

Michel Baudier président


Allocution de Madame la Sous-Préfète de Sedan

Monsieur le Président,

Je suis très honorée de participer aujourd’hui à la commémoration du 76ème anniversaire de la bataille de Stonne. A travers notre présence ici, État, élus, militaires, citoyens français ou étrangers, en ce jour de souvenir, c’est la nation toute entière qui rend hommage à ses soldats.

Je tiens à remercier chacun d’entre vous pour l’organisation fidèle de ces journées de mémoire.

Je ne vais ici évoquer la tactique militaire de la bataille de Stonne et ses environs (la plupart d’entre vous seraient mieux qualifiés que moi pour le faire…) mais je souhaiterais, au nom de l’État, rendre justice aux soldats de 40. Il existe une légende noire, celle d’une armée française de 1940 qui n’aurait pas été à la hauteur de sa mission. Cette légende, alimentée par l’ignorance, est une atteinte à l’honneur des hommes mais aussi à la vérité historique.

L’idée fausse selon laquelle il serait plus courageux ou plus glorieux de combattre lors d’une victoire que lors d’une défaite est malheureusement trop répandue. Face au feu, au cœur de l’enfer, le courage est le même, pour celui qui se dresse pour sa patrie, quelle que soit l’issue de la bataille.

L’incroyable combativité des soldats français à Stonne, combativité que les soldats allemands, admiratifs devant le courage de leurs adversaires, compareront avec les défaites de Stalingrad et Monte Cassino, démontre que les soldats de 40 sont bien les glorieux héritiers de ceux de 1914-1918.

La volonté acharnée des soldats de Stonne a prouvé que l’esprit de résistance était bien présent dès le début de la guerre. Ces hommes ont été de ceux qui, malgré une situation générale catastrophique, ont choisi de continuer le combat et d’incarner ainsi la résistance française.

Le sacrifice de ces hommes n’a pas été vain ; l’issue du conflit l’a prouvé. Souvenons-nous, soyons en fiers, transmettons…

Je terminerai, si vous me le permettez, sur les mots de Charles Péguy, lui même mort au champ d’honneur :

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle. »

Vive la République, Vive la France

Julia CAPEL-DUNN, sous-préfète de Sedan