Beaumont – Beaufort

…ou Forêt du Dieulet


Ce secteur est celui de la 1° Division d’Infanterie Coloniale, commandée par le général ROUCAUD et composée des :

3° Régiment d’Infanterie Coloniale (3° RIC)
12° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (12° RTS)
14° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (14° RTS)
1° Régiment d’Artillerie Colonial (1° RAC)
201° Régiment d’Artillerie Colonial
71° Groupe de Reconnaissance Divisionnaire (71° GRDI)

Position des unités sur le secteur de Beaumont

Position des unités sur le secteur de Beaumont

Les avertissements transmis depuis plusieurs mois au service Renseignements précisant les plans de l’attaque allemande sur SEDAN et la date (entre le 8 et le 12 mai), ne sont pas pris en compte au Quartier Général. Inaugurant le Foyer du Soldat à DUN sur Meuse le 8 mai, le général Huntziger (II° armée) se moque des craintes d’une attaque imminente.
Mais l’attaque a bien lieu le 10 mai. Et ce n’est que le 13 au soir que la 1° DIC reçoit l’ordre de se porter sur Beaumont en Argonne et la Forêt du Dieulet (à pied !). On apprend à DUN (état-major du 18° CA) qu’un groupement est constitué avec la 1° DIC, la 2° DLC qui rentre de Belgique et un Bataillon de Chars (3° BCC) (groupement Roucaud), dans le but de tenir la ligne INOR-BEAUMONT-SOMMAUTHE.
Venant du secteur Montmédy-Marville, la 1° DIC gagne ses positions le 14 mai. Le même jour la 2° DLC prend position sur la route Stonne-Beaumont. Le 71° GRDI envoyé en renfort de la 2° DLC et positionné le 13 sur le Mont Dieu et Chémery, rejoint Beaumont le 14. Le 15 mai, le général ROUCAUD reçoit l’ordre d’effectuer une contre-attaque à 15 h sur l’axe Raucourt-Pont Maugis.
Alors que l’essentiel du Régiment Grossdeutschland tente de s’emparer de STONNE, des éléments sont chargés de dégager la zone entre la Meuse (Mouzon) et la vallée de l’Ennemanne (Raucourt). Les avant-gardes de la X° Panzer ont remonté cette vallée, dépassé Raucourt et arrivent vers 13 h sur le plateau entre Flaba et Yoncq. Ils sont accueillis par les tirs de l’artillerie du 1° RAC qui incendient plusieurs chars, en endommagent d’autres, ce qui provoque un repli général. D’autres éléments progressent vers La Besace, mais sont tenus en échec par les éléments de la 2° DLC, malgré l’appui des Stukas.
À 15 heures, la contre-attaque du groupement Roucaud démarre dans la vallée d’YONCQ. Elle se heurte à des blindés des 7° et 8° PanzerRegiment qui se replient. Elle poursuit son avance et atteint la Meuse à Autrecourt et Villers devant Mouzon. La contre-attaque remplit ainsi sa mission et permet la destruction de véhicules ennemis sur la route Mouzon-Inor.
Mais un ordre de repli arrive en soirée. Il entraîne un retrait partiel sur la ligne Pourron-Villemontry. Le 16 mai matin, nos troupes regagnent leur base de départ Beaumont-Forêt du Dieulet. Cela permet à l’ennemi de progresser sans combattre jusque la route Stonne-Stenay.

Contre attaque du 15 mai, secteur de Beaumont

Contre attaque du 15 mai, secteur de Beaumont

Depuis le 15 mai, l’ennemi engage de violentes attaques sur la ligne Stonne-Beaumont-Inor-Villy. Les 17, 18 et 19 mai, ces attaques sont engagées avec des chars et l’appui de l’aviation. C’est le cas le 17 au Bois du Four où le 12° RTS résiste avec l’appui du 3° BCC.
Le 18, une contre-attaque française sur Beaumont se heurte aux tirs de nombreuses armes lourdes et aux interventions des Stukas. Elle est contrainte au repli, ayant subi de lourdes pertes, surtout au 3° RIC (500 morts, blessés et disparus !).
Le 19, le 12° RTS subit de nouvelles attaques avec blindés et aviation, mais parvient à les contenir et à les repousser au prix de combats meurtriers allant parfois jusqu’au corps à corps. Les fermes dispersées entre Beaumont et la forêt du Dieulet sont l’objet d’attaques et de contre-attaques, appuyées par les deux artilleries. Toutes restent en notre possession. Partout, les tentatives de percée ennemies échouent grâce à la combativité des troupes en place. Une accalmie survient du 19 au 22, permettant de conforter nos positions.
Nouvelle attaque le 23 mai avec chars et Stukas, à la charnière entre la 1° DIC et la 6° DIC, notamment sur le Bois du Four. Des infiltrations ont lieu en divers endroits. Une contre-attaque engagée le 24 mai avec le 14° RTS, une compagnie de chars et l’appui décisif de l’artillerie, permet de repousser l’ennemi et de rétablir la situation. Comme la division a subi des pertes conséquentes, elle reçoit 1 500 hommes et leur encadrement venant de Lorraine.
Ces échecs successifs des attaques allemandes sont suivis par une période plus calme où chacun conforte ses positions : tranchées couvertes, observatoires renforcés, liaisons améliorées. Les journées sont rythmées par les interventions des deux artilleries destinées à créer un climat d’insécurité.

Secteur de Beaumont du 17 mai au 8 juin

Secteur de Beaumont du 17 mai au 8 juin

9 juin : Une nouvelle attaque ennemie est attendue car de nombreux avions d’observation ont survolé nos positions. Elle débute le 9 par de violents tirs d’artillerie finissant par des fumigènes. L’ennemi cherche à percer vers La Neuville et Beaufort, mais il se heurte à une résistance pugnace. De furieux combats se déroulent autour de la ferme de La Wame et de celle de la Fontaine aux Fresnes. Diverses infiltrations menacent notre capacité de résistance, mais l’intervention de renforts permet de contenir partout cette attaque qui finit par s’essouffler.
Le 10 juin, une contre-attaque permet de rétablir la situation initiale.

Secteur de Beaumont du 9 au 10 juin

Secteur de Beaumont du 9 au 10 juin

Mais un ordre de repli arrive en soirée, ordre qu’il faut répercuter à toutes les unités et tous les groupes dispersés en forêt. Il est partout mal reçu. Le repli se fait par Nouart, Beauclair, Halles.
La mission de résister sur place a été pleinement remplie, mais la 1° DIC a perdu 1838 hommes dont 37 officiers tués et 47 blessés.

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